The Host   **
Joon-ho Bong
sorti en novembre 2006
Un monstre surgit des profondeurs d’une rivière et sème la terreur dans une ville. Une famille de loosers pathétiques se révèle plus efficace que l’armée pour tenter de l’éliminer.
On a déjà vu cela mille fois ? Il est vrai que dans les productions américaines, ce sont toujours des semi-rebuts de la société qui parviennent à sauver le Monde, menacé par un ennemi venu d’ailleurs, qu’il soit terroriste, extra-terrestre, ou force surnaturelle.
Mais dans ce film coréen, tout a une saveur inattendue. Le monstre, même s’il fait vraiment peur, a des élans de tendresse, ne paraît pas si énorme que ça et fait parfois preuve d’humour. La famille lancée à sa poursuite est le prétexte pour présenter un assortiment de personnages déjantés, décalés, sortes de monstres de comédies italiennes des années 70, revus et corrigés à la sauce asiatique. On pense inévitablement à un autre film récent, Little Miss Sunshine. Sauf qu’ici, le propos est beaucoup plus noir, morbide, sous un aspect parfois de farce grotesque. C’est une société en décadence qui nous est montrée, sans respect pour les exclus ou les meurtris, une société tout à fait incapable d’apporter une solution à un problème qui la dépasse de façon très surprenante.
Cruel, drôle, spectaculaire, sans concessions, c’est du cinéma jouissif (pour être à la mode, on dirait jubilatoire), qui donne parfois une sensation de malaise. On peut y voir des références aux questions que pose le terrorisme et les mauvaises réponses données par les Américains, ou bien une mise en garde écologique, ou mieux encore une parabole sur la façon dont nos sociétés dites civilisées traitent leurs exclus, qu’importe, ce qui reste, c’est la puissance dévastatrice du film, dont les images restent imprimées longtemps en mémoire.
avec

Song Kang-Ho
Bae Doona
Hae-il Park
Byeon Hie-bong
Ah-sung Ko Vos commentaires :
Pathétique, est un mot souvent pris pour décrire en contresens, l'exagération d'une l'émotion, d'un état d'âme. Et bien là c'est le sens propre du dictionnaire, ce film émeut fortement !
Le calamar Géant est d'un réalisme parfait, n'en parlons plus.
Le héros lui n'a pas un profil stéréotypé, celui de la virilité, du charisme, de la force, du raffinement.... 
Dans l'histoire il n'y a pas de scoop, de coup de théâtre, rien de cela.
C'est au fur et à mesure, au fil de l'eau que le film  dévoile ces héros singuliers et atypiques : 
Le héros est en fait une famille qui s'unit  simplement par les liens sacrés du bon sens, et qui apporte dans un premier temps : un regard inattendu, sur la vie d'un pays que l'on ne connaît pas très bien, et dans un deuxième temps : un regard réaliste entre, le mode opératoire d'une  toute puissance respectée et idéale, identifiée ici par l'intervention militaire et celle des Etat Unis, et l'impuissance assumée et respectable, identifiée par nos héros inhabituels. Ce regard  suscite des questions dont celle-ci : Pouvons nous  aujourd'hui, défendre nous-même nos valeurs ? 
Pierre L.   29 novembre 2006