Et... il y a un peu de ça, mais pas tout à fait. Les spécialistes pourront comparer les trois versions (1933, 1976, 2005), vérifier que le King Kong de Peter Jackson est un hommage à celui de 1933, mais qu'il ignore l'idée qu'on peut adapter cette histoire à n'importe quelle période. La version de 1976 (John Guillermin) était ancrée dans la réalité des années 70, celle de 2005 aurait pu elle aussi s'inscrire dans le contemporain, dans un New York d'après 11 septembre...
On a beau y gagner une très belle reconstitution des années 30, il y a comme un regret, comme un refus du réalisateur de faire évoluer le mythe, historiquement et socialement.
Il y a donc beaucoup d'effets spéciaux, certains splendides (décors), d'autres un peu moins (la course des brontosaures) et surtout superflus, ne rajoutant rien à l'histoire. La fosse aux insectes est tout à fait ignoble et donc très réussie, mais elle vient alors qu'on a compris depuis longtemps l'hostilité de la nature. Beaucoup de scènes d'action, avec ou sans effets spéciaux, paraissent confuses, noyées sous une bande son uniformément bruyante, diluées dans un montage excessivement nerveux.
Finalement, ce sont les deux personnages principaux qui donnent véritablement vie au film. Naomi Watts est absolument parfaite dans le rôle d'Ann Darrow, passant de la terreur à la compassion tout en restant très crédible. King Kong quant à lui est une grande réussite, bestial ou extraordinairement doux. Le couple Naomi Watts - King Kong, d'une très grande complicité (!) tire le film vers la romance, les échanges de regards entre les deux personnages sont ce qu'il y a de plus beau pendant les trois heures.