Film sud-coréen puisque 
              son réalisateur l'est, ou américain par son titre 
              et ses effets spéciaux, ou bien encore français puisque 
              il est inspiré par une BD de Lob et Rochette ? Qu'importe, 
              il est surtout mondialiste, avec le thème de la fin de l'Humanité 
              telle qu'on la connaît, thème universel, repris par 
              toutes les cultures à toutes les époques. Le scénario 
              n'apporte pas grand-chose de nouveau du point de vue de son récit, 
              avec une micro-société reconstituée et séparant 
              les nantis des miséreux, un leader qui ne veut pas l'être 
              menant une révolte, des personnages pas si caricaturaux que 
              cela mais que l'on a déjà vus, et quelques secrets 
              plus ou moins éventés selon les spectateurs… 
              
              Ce qui fait écarquiller les yeux et ouvrir la bouche (éventuellement), 
              c'est donc, bien plus que l'histoire elle-même, la mise en 
              scène. L'univers du train est formidable, confiné, 
              étouffant et apocalyptique puis, par un contraste saisissant, 
              luxuriant, sophistiqué, décadent… avec des accents 
              à la Tim Burton (la "salle de classe" y fait irrésistiblement 
              penser). De même, il y a quelque chose de profondément 
              original dans la façon de suspendre ou d'accélérer 
              le récit, d'alterner la pénombre et la lumière, 
              d'insuffler de la poésie au cœur des scènes les 
              plus sauvages. Avant cela, Joon-ho Bong avait réalisé 
              "The 
              Host", splendeur épouvantable, et "Mother", 
              double portrait familial d'un humour incroyablement sombre; il signe 
              ici un autre cauchemar, sans doute moins personnel, plus international 
              mais formidablement spectaculaire.