Cinq jeunes gens marchent dans 
              la forêt, ils sont souvent filmés de dos, s’arrêtent 
              parfois, parlent un peu, jouent au volley sans ballon… il 
              ne se passe rien, ou presque. 
              Et ce qui pourrait être ennuyeux à mourir… devient 
              peu à peu fascinant, hypnotisant, étrange et mystérieux… 
              Ce qu’ils sont vraiment, ce pourquoi ils sont là, on 
              peut sans doute le deviner en amont d’une scène qui 
              donne définitivement les clés. Le charme envoûtant 
              de l’ensemble aura opéré (ou pas) sur le spectateur 
              bien avant, et continue après, jusqu’à la séquence 
              finale, comme une sorte de Délivrance ? "Leones" 
              fait penser bien sûr à une kyrielle d’œuvres 
              dont le décor principal est la forêt… celle d’émeraude, 
              ou de Mogari, 
              ou celle des enfants 
              loups, d’IP5… la forêt comme un passage, univers 
              à la fois inquiétant, oppressant, et protecteur, apaisant… 
              Dans cette opposition zénitude totale / effroi diffus, le 
              film est une réussite, certaines scènes ont beau durer 
              de très, très longues minutes sans aucun événement, 
              on peut être porté, emporté par les images jouant 
              avec la lumière, les contrastes, par les sons, bruits de 
              feuilles, de branches qui craquent mais aussi un grondement sourd, 
              parfois… C’est magnifique, il faut parvenir à 
              se laisser aller, à s’immerger dans cette lenteur démultipliée, 
              ce mystère doux et irréversible.