Paul Greengrass est un virtuose du cinéma d'action reconstituée. On se souvient de l'impressionnant "Bloody sunday", qui montrait l’enchaînement inexorable des faits dramatiques lors de la marche pacifique pour réclamer l'égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande, origine de la guerre civile, journée méconnue de l'Histoire récente.

Dans Vol 93, la virtuosité du réalisateur est énorme. Montée en tension, sens du rythme, montage trépidant, points de vue multiples, le film hypnotise et bien qu'on en connaisse la fin, il reste saisissant de bout en bout, avec des personnages qui au contraire des films catastrophes, ne sont absolument pas singularisés.

Les limites du film sont celles de son projet : rappeler une journée (11 septembre 2001) qui est encore dans toutes les mémoires. Certes, c'est un éclairage différent, en tentant de montrer ce qui a pu se passer dans l'un des avions. Mais au final, on peut se dire, à quoi bon ? Bloody Sunday lançait une profonde réflexion, sur le pourquoi de la manifestation, sur les raisons de son impitoyable répression. Vol 93 n'aboutit à aucune interrogation nouvelle, on ne sait rien des terroristes (pour une vision plus réfléchie du terrorisme, voir l'excellent "Paradise now"), on comprend que l'enchaînement des faits est dû à un effet de surprise énorme et à une mauvaise coordination entre l'aviation civile et l'armée, mais tout cela on le savait déjà. Il est vrai que, probablement, une étude en profondeur des tenants et aboutissants du 11 septembre ne pourrait pas faire l'objet d'un seul film. Ce Vol 93 est donc inutile ? Sans doute inutile, mais impressionnant.