Dans "la vie secrète des mots", ce sont effectivement les mots qui au bout du compte, font le plus mal et aussi le plus de bien...
Au tout début et pendant une très longue partie du film, on ne sait presque rien des deux personnages, ce qu'ils ont enduré, ce qu'ils cachent. Pourquoi l'une, si jeune, si belle, est mortellement triste, et pourquoi l'autre, accidenté, brûlé, aime autant la vie et cherche autant à communiquer, malgré la douleur physique. Tout pourrait les séparer, et rien n'est comme on pouvait s'y attendre, le scénario réservant au spectateur une émotion extrême lors d'une scène-révélation, sorte de coup de poing moral, qui ne peut épargner personne, et dont on se relève difficilement.
Isabel Coixet ne fait pas dans la demi-mesure émotionnelle, son précédent film "ma vie sans moi" lui aussi arrachait les larmes, il y était aussi question d'amour, de mort, de vie. The secret life of words semble encore mieux construit, avec une quasi-unicité de lieu, peu vue au cinéma : une plate-forme pétrolière, qui se révèle être un décor très riche, à la fois ouvert et totalement isolé. Les seconds rôles sont très attachants, et à chaque instant on sent que l'histoire peut rebondir par eux. Il y a une sorte de suspense psychologique tenant sur la douleur et la capacité des personnages à s'en relever : cela pourrait être pesant, indigeste. C'est juste humain, et il n'y a rien d'étonnant à ce qu'Almodovar produise les films de cette surprenante conteuse d'histoires qui vous mettent le cœur en larmes.