Très peu d'émotion dans ce film, et pourtant c'est un bijou. Un cynisme redoutable, une mise en scène au scalpel, un personnage comme on croit en voir beaucoup au cinéma mais qui parvient à vous surprendre avec ce mélange de froideur diabolique et d'angélisme naïf... C'est l'histoire du dynamitage en règle d'une famille comme on n'en fait sans doute qu'aux USA, par une sorte de fils prodige non attendu. Gael Garcia Bernal est prodigieux, et après ses performances chez Almodovar ou Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes), il confirme ici qu'il est capable de jouer dans des registres extrêmement différents. En face de lui, la très énigmatique Pell James est loin de n'être qu'un faire-valoir, et William Hurt, dans un rôle plus convenu, est assez monstrueux.

Le film raconte une histoire épouvantable, mais d'une façon totalement jubilatoire. Certes, c'est plus malin et virtuose que profond et sincère, mais la noirceur brille encore longtemps après l'extinction de l'image...

L'un des derniers plans, un travelling avant tournoyant, d'une fluidité parfaite, parvenant à faire monter l'angoisse alors que l'on sait ce qu'on va trouver au bout, est probablement LA scène de l'année...