La grâce du film tient sur le fil ténu de son scénario, qui révèle peu à peu et aux moments opportuns, les failles et les zones d’ombre des personnages.
Toute en délicatesse, la mise en scène frôle le mélo sans y tomber. Pas d’effets ni d’emphase, juste le déroulement de l’histoire, simple et direct. Face à Sigourney Weaver qui en fait un peu beaucoup dans le rôle de l’autiste (mais était-ce un bon choix de prendre l’interprète archi-connue de la série Alien ? On s’attend parfois à voir quelques tentacules, une mâchoire à grosses dents…), il fallait un miracle : c’est Alan Rickman , confondant de fausse douceur, de tristesse et de charme mêlés.
La douleur, le rejet, la différence sont les thèmes du film, et pourtant celui-ci n’est pas larmoyant, bien au contraire : il y a plusieurs scènes où les faiblesses supposées des personnages sont source d’humour, sans qu’ils soient tournés en ridicule. A posteriori, l’ensemble se révèle assez osé, car on imagine les tonnes de guimauve qu’un tel sujet aurait pu engendrer, et le doux bien-être qui s’en dégage finalement est une jolie surprise.
Les amateurs de poursuites en voiture et de fusillades peuvent l’éviter, ceux qui apprécient de voir comment les autres vivent et s’en sortent avec la difficulté de l’existence, ceux-là seront comblés.