Graphiquement, c’est une splendeur, une de plus à l’actif des studios Pixar. L’animation est d’une fluidité inimaginable, au service d’une véritable mise en scène, inventive, avec une idée nouvelle à chaque plan. On passe la séance dans un état proche de la béatitude, le film dans son ensemble dégage une sensation de chaleur, d’onctuosité, de douceur, malgré les rebondissements incessants du scénario.
L’histoire, pas si prévisible que ça, est suffisamment complexe pour intéresser les adultes, et d’une très grande clarté pour séduire les enfants. Elle reste néanmoins très convenue, très américaine, très morale. On a dit pourtant que le sujet était audacieux et aurait pu dérouter le public, les rats n’étant pas des animaux “faciles” pour les humains, et la grande cuisine, française de surcroît, pouvant paraître incongrue dans la culture américaine. Les scénaristes auraient choisi une limace voulant devenir gardienne de phare, que les sous-entendus n’auraient pas changé d’un iota. La structure de ces films d’animation est toujours sensiblement la même : un personnage décalé dans son milieu, a des aspirations différentes de ses congénères, et pour parvenir à la réalisation de ses rêves, il doit croire en lui, accepter ses différences, cultiver ses amitiés...
La fin n’est jamais sombre, mais il n’y a pas non plus de triomphe total, il faut savoir rester modeste, en développant ce qu’il y a de meilleur en soi. Nemo, 1001 pattes, Shrek ou Ratatouille, c’est au fond toujours un peu la même histoire, bien loin, très loin de l'ambiguïté des récits de Miyazaki.
Ici, l’histoire est tout de même admirablement bien racontée.