Pingpong   *
Matthias Luthardt
sorti en janvier 2007
L’histoire
Paul, adolescent de seize ans, vient de perdre son père. Il s’incruste chez sa tante pour quelques jours, où il n’est pas très bien reçu. Son cousin joue du piano, son oncle doit partir pour un voyage professionnel. Entre Paul et sa tante, le désir monte...
 
avec
 
Sebastian Urzendowsky
Marion Mitterhammer
Clemens Berg
Falk Rockstroh
C’est d’abord une surprise de ré-entendre de l’allemand dans une salle de cinéma, comme une langue exotique. C’est une bonne nouvelle qu’au pays de Murnau, Fritz Lang, Herzog, Fassbinder, il y ait une relève, enfin !..
C’est un huis-clos pour cinq personnages, une femme, un homme absent, deux jeunes adolescents, et un chien. Ne pas oublier le chien.
L’intrusion d’un corps étranger (ou presque) au sein d’une famille, véritable nid de relations ambiguës, malsaines, inavouées, c’est toujours l’occasion de se réjouir devant les réactions en chaînes, comme pour une expérience scientifique. Tout est en opposition, en contrastes violents : c’est l’été, on peut ressentir la chaleur sur les comportements et pourtant la lumière est froide, comme l’intérieur de la maison, impersonnel, à l’ambiance glaciale; la relation qui se noue entre Paul et sa tante Anna est faite autant de répulsion que de fascination, d’autorité et de soumission; les regards échangés sont aussitôt déjoués par les échanges verbaux; le personnage de Robert, est lui aussi tout en ambiguïtés : corps lourd, physique ingrat, mais c’est un pianiste au toucher élégant. Enfin, tout ce qui tourne autour du chien, suggéré ou montré, est tout à fait étonnant.
Il y a comme une sorte de vertige dans le récit, car au contraire de productions calibrées grand public, le film n’est absolument pas prévisible. Lorsque le générique de fin déroule, on ignore toujours si nous sommes dans le registre de la comédie ou de la tragédie. Cette absence de point de vue moral fait la force du film, et aussi sa faiblesse : on ne peut qu’être admiratif du savoir-faire du réalisateur, de son talent pour instiller une ambiance délicieusement perverse, mais du coup, il n’y a aucune émotion, aucune possibilité d’empathie pour tel ou tel personnage.
Délicieuse perversité
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