Qu’on ait lu ou non la bande dessinée, que l’on aime ou pas les films d’animation, cette oeuvre est séduisante, parce qu’elle s’appuie sur un langage cinématographique profondément original, avec un graphisme minimaliste mais réaliste, une animation épurée, des choix de montage alternant récit classique et poésie. De la BD, le film conserve la majorité des personnages, l’ambiance plutôt drôle malgré les événements dramatiques, en y ajoutant un gros plus : les voix, loin des habituelles criailleries niaises des films d’animation classiques, sont celles d’acteurs et actrices habitant réellement leurs personnages.

Malgré toutes ces qualités, le film, comme la BD, peut laisser de glace. L’émotion ne prend pas pour tout le monde, le récit est celui d’une jeune femme issue d’une famille aisée, ne reflétant sans doute qu’une petite partie de la réalité de la société iranienne. Aucune vision du côté de la grande majorité de la population, celle ayant fait basculer la révolution vers la république islamique. Les raisons de l’engagement de l’héroïne paraissent floues, sa façon de raconter son histoire intensément dramatique lorgne du côté du journal intime, et on pense parfois à un blog de jeune fille, un peu anecdotique, nombriliste, légèrement ennuyeux.

C’est de toutes façons très tendance, le film est précédé d’une grosse rumeur positive, il est de bon ton de l’apprécier. On peut être admiratif de la mise en scène et ne pas être séduit par le fond, rester totalement en dehors de l’émotion.

Cette bd animée dépeint la jeunesse de Marjane dans un Iran qui a souffert.

Un film qui dit la réalité sur ce qui s'est passé et ce qui se passe en Iran, où les droits de la femme n’existent pas. La triste réalité des iraniens est ici dévoilée sans détours

Dominique P.  3 juillet 2007

 

 

Très fine (comme d'hab) la critique d'Al1. A posteriori je me dis qu'effectivement il y a un petit côté fragmentaire dans cette description de la révolution, puis de la montée islamiste en Iran, puis de la manière dont les Iraniens s'en accommodent ou pas, s'en préservent ou pas. Cette famille et cette petite fille ne sont probablement pas représentatifs d'un peuple qui a probablement encore davantage souffert, sans les exutoires évoqués dans le film, sans l'exil possible. C'est vrai.

Mais, au delà de ça, j'ai adoré ce film. J'ai adoré la sobriété et la poésie des animations. J'ai beaucoup souri. J'ai été ému.

Je vais y retourner rapidos avec mon fiston de 10 ans, pour son plaisir surtout (j'espère) et aussi pour une forme de témoignage intéressant à capter.

Thierry D.   5 juillet 2007

 

 

 

Et bien moi, j'ai passé un très beau moment de pure émotion...

Je trouve que Marjane Satrapi a réussi à faire passer en noir et blanc avec gravité, élégance, humour, émotion, amour et  sincérité, sa jeunesse, son adolescence et sa vie de jeune femme, dans un pays violent, intolérant, castrateur,  encadrée de très beaux personnages, en particulier celui de sa grand-mère, pleine de panache,  qui se parfume la poitrine avec des fleurs de jasmin qu'elle cueille tous les matins..., beaucoup de recul sur les choses qui font voir la vie autrement quand on vit dans un pays libre.

 

 

 

 

 

Reprise cinématographique pour nous ( vivent les vacances ! ).   Et bien là, on n' est pas d'accord avec vous. L'émotion imprègne ce film du début à la fin ( que l'on aime ou non la BD). C'est un récit de vie d'une enfant devenue femme dans un climat totalitaire (qu'elle soit d'un milieu aisé permet d'avoir une vraie réflexion sur les événements historiques). Le graphisme rappelle dans ses grandes lignes la bande dessinée mais pas seulement (référence à l'expressionnisme allemand, cf. scène où un manifestant baignant dans son sang est relevé par ses camarades). La musique fait corps avec le film et les voix ne déçoivent pas les lecteurs de la BD. L'humour est présent. Quant aux motivations de son parcours, la fidélité à la mémoire familiale semble être une bonne piste d'interprétation. La douleur de l'exil est bien montrée (scènes d'ouverture et de clôture), etc.  

On pourrait continuer longtemps....

 

Sandrine D. et Emmanuel F.  11 juillet 2007