Paranoid Park   **
Gus Van Sant
sorti en octobre 2007
L’histoire
Alex, jeune skateur, se rend régulièrement au  skatepark le plus malfamé de Portland, le Paranoïd Park. Un homme est retrouvé mort non loin de là. Accident, ou meurtre ?
avec
 
Gabriel Nevins
Jake Miller
Daniel Liu
Taylor Momsen
Lauren McKinney
Attention, s’il y a bien un meurtre, le film n’est pas un thriller. L’enquête policière, même si elle fait partie du récit, n’est absolument pas centrale. C’est un tout autre cinéma que Gus Van Sant nous propose. Un cinéma créatif, perturbant, interrogateur, sans cesse en danger, et sachant pourtant divertir. Le cadre s’approchant du carré, l’alternance du 35 mm et du super 8, l’usage étonnant du ralenti, la construction en flash-back décalés, tout concourt à faire de cet objet filmique une authentique œuvre d’art. Un film ? Pas exactement au sens où on l’entend dans les maisons de production classiques. Quelque chose comme une introspection de l’adolescence, de la communication en faillite, de l’immensité des questions sur la vie, l’amour et la mort.
Bien sûr, le film plaira plus aux critiques professionnels et aux cinéphiles endurcis qu’aux amateurs en dilettante, avec des plans questionnant le spectateur à chaque minute, des références splendides : Truffaut et les quatre coups, avec cette descente vers la mer, ouvrant le film mais presque à la clôture de l’évolution du personnage ; Hitchcock avec la scène de la douche, tendant vers l’abstraction, sublime alliance de l’image et du son ; Fellini avec ces groupes dans les rues nocturnes, hors des conventions.
Gus Van Sant, avec ce film, prouve qu’on peut encore s’exprimer et alarmer tout en innovant, en imaginant un langage cinématographique basé sur une connaissance pointue des anciens, mais totalement ancré dans le réel, dans le présent, et donnant comme une espérance d’ouverture du cinéma pour l’avenir. Ça n’est pas si courant, de nos jours…
 
Objet filmique hautement artistique
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Un film fin et intelligent, dans le propos et dans la forme. Un regard délicat sur les troubles adoslescents, sur la solitude du secret, sur l'incommunicabilité. Et puis une organisation du récit qui entremèle bien le temps réel et linéaire de "l'après" et celui de la mémoire, du flash-back. Une manière de filmer très séduisante aussi, un peu planante.
 
Bon, mais voilà, si je ne me suis pas ennuyé, je n'ai pas non plus été ému, bouleversé par cette histoire. Peut-être plus (et pas encore) assez concerné par l'adolescence. Peut-être légèrement anesthésié par ce côté planant justement. Peut-être engourdi par cette plâtrée de nouilles au beurre avalée avant le ciné...

Thierry D.   28 octobre 2007




Ce qui est rageant avec vos critiques c’est que lorsque je suis d’accord avec vous, je n’ai plus rien d’un peu pertinent à dire ! C’est presque plus rigolo de n’être pas d’accord !

Gus Van Sant signe là un film délicat, subtil, de toute beauté, d’une grande fluidité. Il a effectivement un  style très personnel : chronologie discontinue, répétitions des plans, gros plans, effet de lumière, ses ralentis, alternance de scènes brèves et de longues scènes silencieuses,  la bande son qui est décalée, originale, incroyable. Et puis il filme les adolescents magnifiquement. 

Paranoid Park est  le film de l’année 2007 (et la dispute ciné de l’année aussi …. Je pense que vous aurez prochainement un autre commentaire de très très très très très très très très mauvaise foi sur ce film).

 Si « Caramel » et « Ceux qui restent » ont deux étoiles (et pourtant je vous ai déjà  écrit tout  le bien que je pensais de ces deux films) Paranoid Park en mérite largement  trois.

Sandrine D. 30 octobre 2007




Une critique positive certes, mais une critique très limitée à la technique. Comme malheureusement beaucoup de monde.
Trop rattachée à la composition plus qu'au fond, d'ailleurs je crois que Van Sant a plus à dire dans sa scène de douche que de faire référence à Hitchcock...

Fabien C.  31 octobre 2007




Un film dans lequel je ne suis jamais entré. 
J'avais aimé "Elephant" y appréciant la grande habileté de sa construction mais ici les procédés qui font l'originalité de Gus Van Sant ne m'ont pas du tout touché voire m'ont fortement agacé. Les ralentis et l'utilisation décalée de la musique  m'ont semblé relever du maniérisme. S'ils veulent traduire l'apesanteur du jeune Alex, ils m'ont éloigné de la vérité des personnages. D'autre part, l'intrigue me paraît très légère. 
D'un point de vue social enfin, les adultes sont quasiment absents et ne jouent pas leur rôle de référents (parents absents, commissaire empathique, monde extérieur opaque) ce qui dresse un tableau assez sombre des jeunes garçons américains qui cherchent à combler le vide de leurs existences par différents moyens  ( le skate est une des seules façons d'être au monde pour Alex, c'est le sexe pour son ami Jake). Cela m'a fait penser au fils de famille dans "Little miss sunshine" qui se réfugie dans le silence.
 
En résumé, un film qui me semble abuser des figures stylistiques et qui n'a pas produit sur moi l'effet esthétique escompté.
 
Emmanuel F.   1er novembre 2007




Je ne reviendrai pas sur le film, j’ai adoré. Mais le commentaire de Fabien C. n’est carrément pas constructif ! Au lieu de critiquer la critique, il faudrait parler du film, non ?

Laetitia J.   16 novembre 2007