Ce qui est tout à fait étonnant et ressemble à une preuve de plus du talent des frères Coen, c’est que le poursuivi, le personnage censé être le bon, à la même ténacité, le même entêtement que le tueur, la même assurance tranquille : le spectateur finit par avoir de la sympathie pour les deux personnages, alors qu’ils sont farouchement opposés et que l’issue ne peut être autre que fatale pour au moins l’un des deux.
Le shérif désabusé, le vieil homme du titre, observe l’action de loin, sans pouvoir intervenir et sans pourtant donner une impression d’incapacité. Ce personnage est plus classique, et absolument pas moteur dans l’action : il est regrettable que le mot de la fin lui soit confié, surtout que celle-ci est un peu confuse, autant dans les péripéties que dans la morale : le dénouement, en effet, si surprenant soit-il, laisse le spectateur sur sa faim, comme si en plein festin, au moment de finir le plat de résistance, on lui servait directement le café, ou pire, la tisane.