Mon colonel
Laurent Herbiet
sorti en novembre 2006
avec

Olivier Gourmet
Robinson Stévenin
Cécile de France
Bruno Solo
Eric Caravaca
Les films ayant la guerre d’Algérie pour décor et sujet sont particulièrement rares, aussi ne peut-on qu’être intéressé par une tentative romanesque de mettre en scène les “événements”, comme on a longtemps appelé cette guerre, où la torture était quotidienne, conseillée par nos politiques, appliquée par nos militaires, et acceptée par la plupart, puisque nécessaire... De telles horreurs n’ont plus cours, bien sûr. Et l’armée est une colonie d’anges innocents, et nos élus sont tous honnêtes et ne cachent rien. Bien sûr.
Le film expose la rapide dérive vers l’emploi de la torture, sans complaisance ni concessions. C’est sobre, presque froid. Les personnages algériens (indigènes, comme il est dit !) ne sont que des faire-valoir. L’essentiel de l’intrigue repose sur l’opposition entre un colonel et un lieutenant (si vous êtes comme moi, à ne rien connaître des degrés de hiérarchie dans l’armée, un colonel est plus chef qu’un lieutenant, mais moins qu’un général) à propos de la “collecte des renseignements”, qui sous-entend des méthodes tenant de la terreur. Cette opposition tend peu à peu vers la tragédie. Elle est montrée de façon un peu trop théorique, avec des dialogues très écrits, au travers de situations symboliques et un peu trop démonstratives.
La respiration vient d’une jeune femme, employée au ministère de l’armée, qui, de nos jours, doit enquêter sur les deux personnages. Elle semble posée là pour nous rassurer, pour s’horrifier et s’indigner à notre place. Elle apporte peut-être un peu trop de confort au spectateur, tissant sur le film comme un voile, pour ne pas avoir à tout montrer. Du coup, l’ensemble devient un peu trop doux, perd de sa force à vouloir être subtil.