Le scénario n’est pas léger et tente, comme dans l’excellent “Se souvenir des belles choses” de Zabou Breitman, de privilégier les relations entre les personnages, au détriment d’une description de l’évolution de la maladie, qui n’est finalement qu’assez peu traitée.
L’émotion est parfaitement maîtrisée, sans pathos, évitant les scènes larmoyantes, et ce jusqu’à l’entrée en scène du personnage du patient dont Fiona tombe progressivement amoureuse. L’irruption de cet amant (même si on ne sait jamais s’il y a passage à l’acte) élargit et affadit le propos, on n’est plus dans le registre de l'inexorable éloignement dû à la maladie (ici Alzheimer, mais ce pourrait être n’importe quelle autre affection dégénérative), mais dans celui de l’adultère. Il y a alors quelque chose d’à la fois banal et improbable dans la suite du scénario, comme si la réalisatrice n’assumait pas son sujet et préférait la fuite en avant.
L’émotion en prend un sacré coup, l’ensemble du film perd de son intérêt, malgré deux très beaux personnages secondaires, l’infirmière-surveillante, attentive, dévouée et pourtant meurtrie elle aussi; et la femme du patient rencontré dans la maison spécialisée, légèrement dépressive, et qui parvient à incarner de façon paradoxale une certaine soif de vivre malgré tout.