Le grand appartement   *
Pascal Thomas
sorti en décembre 2006
L’histoire
Dans un très grand appartement loué à très bas prix (loi 48) cohabitent plusieurs personnages hauts en couleur. Francesca se bat toute seule pour que les propriétaires ne montent pas le loyer; son mari bohème et volage fuit ses responsabilités; Adrien le cinéaste invite ses petites amies, tourne une sorte de comédie musicale dans l’appartement, bref, c’est le bazar !
avec

Laetitia Casta
Mathieu Amalric
Pierre Arditi
Pas de véritable histoire, pas d’intrigues ou si peu, juste quelques instants avec cette bande de personnages fêlés, improbables et pourtant ancrés dans une certaine réalité sociale. Il y a une grande liberté dans la mise en scène, certaines séquences paraissent improvisées tant il y a de spontanéité. Les personnages n’hésitent pas à s’adresser à la caméra, nous faisant complices de leur irrésistible soif de vivre. Au début, c’est agaçant, car cela peut paraître fabriqué, faussement sincère. Et puis comme il n’y a pas de jugement (le jugement attendu est d’ailleurs toujours remis), pas de leçon de morale, pas de lourdeur, on est emporté, on se sent léger, insouciant, un peu ivre.
Laetitia Casta, sans fards, dent de travers et poils sous les bras (et ailleurs aussi), est vraiment l’âme du film, pas tout à fait comédienne, mais très loin d’une image glacée, elle a incontestablement du charme. Arditi parvient à nous surprendre, en vieux sage pas sage du tout, épicurien et amoureux d’un cinéma révolu. Au bout du compte et sur le générique final, on fredonne le refrain avec toute la troupe, en les remerciant de nous avoir invité dans leur joyeux foutoir.
Un très joyeux foutoir
Vos commentaires :
Etonnant comme ce grand appartement a fait écho pour moi au film « Dans Paris ».
Mêmes personnages bancals, apparemment sans fards, même mise en scène qui se veut libre, mêmes apartés comme pour s’allier définitivement la complicité du spectateur « copain »…
Même rendez-vous manqué pour moi, mêmes énormes regrets… Tout est là pour nous prendre par la main, nous emmener dans un tourbillon de légèreté, de poésie, d’amour, de vie, et nous restons lourdement assis sur notre siège de spectateur.
Pourquoi est-ce que cela marche pour « Little Miss Sunshine », « Crazy » and co ? Aussi étrange que cela paraisse, c’est peut-être parce qu’ils font preuve de plus de rigueur.
Il faut prendre le temps de filmer les acteurs pour que les personnages nous deviennent proches, et surtout les rôles secondaires (faites l’essai : vous rappelez-vous le visage de la petite fille de Laetitia Casta et Mathieu Amalric ? Nous sommes dans un film qui décrit une famille, est-ce que cela ne devrait pas avoir de l’importance ? Ou alors pourquoi leur attribuer une fille ? Et la grand-mère toctoc, vous est-elle devenue sympathique ?). Ecrire des dialogues percutants (il vous reste beaucoup de répliques du grand appartement ?). Soigner la mise en scène (ah bon, tout n’était pas de l’impro ?). Le rythme (…). La musique (j’ai dû rater celle du générique).
Bref, je pense qu’il ne suffit pas d’imaginer des personnages légers et une mise en scène décalée pour faire un bon film. Mieux vaut partir de personnages « beaufs » (cf Little Miss… et Crazy) et nous laisser venir à eux, jusqu’à rêver être de leur famille, plutôt que nous présenter des personnages délicieusement fêlés mais que nous n’aurions absolument pas envie de côtoyer.
Mais je crois surtout qu’il n’y a pas de recette miracle. C’est tout le mystère du bon cinéma…
Anne K.   5 janvier 2007