Si vous cherchez le divertissement au cinéma, fuyez, ce film n'est pas pour vous ! C'est une épopée en enfer. Un enfer pas misérabiliste, un enfer du quotidien, de la solitude, de l'incommunicabilité, de l'indifférence. La descente en enfer est longue (2 heures 30 !) certains peuvent décider de remonter à la surface avant la fin du film (quelques spectateurs ont quitté la salle), les autres sont attirés de façon magnétique par cet hallucinant objet filmique pas vraiment identifié : documentaire ? démonstration de la déchéance humaine ? étalage des aberrations d'un système hospitalier pourtant moderne ?

Le sujet est assez simple : un homme malade appelle une ambulance qui va le conduire à l'hôpital, on suit son parcours, entre voisins prévenants, infirmières et médecins plus ou moins motivés...

La caméra reste toujours à distance, descriptive, jamais démonstrative. Les scènes sont longues, ménageant très peu d’ellipses, on est sans cesse avec Dante Lazarescu, on souffre avec lui ou avec l'infirmière qui s'occupe de lui. Les acteurs sont incroyables de vérité, sans effets, sans pathos. Au bout du compte, au bout de l'épopée, on est comme assommé devant ce manque de compassion de la part de certains, cette inhumanité chez les humains. C'est un film choc, sans aucune concession, qui nous renvoie certainement à une part de nous-même, pas seulement chez le malade, mais aussi chez ceux qui sont censés le soigner.