L’homme de sa vie    ***
Zabou Breitman
sorti en octobre 2006
Que ceux qui préparent déjà leur “encore un film d’homos” remballent tout de suite leurs préjugés, ce film est un miracle, une splendeur, un chef d’oeuvre.
Formellement, on approche la perfection. Beau, très beau. Chaque plan est un bonheur pour les yeux, par les couleurs, la composition, le jeu des focales. Le travail sur le son magnifie encore ces images, tout en contrastes, en variations sur les ambiances veloutées ou sèches (les ambiances sonores des deux maisons n’ont rien à voir l’une avec l’autre), osant le silence, les décalages, la mise en valeur d’une parole, d’un soupir... Le montage met constamment le spectateur en état de surprise, secoué, ému aux larmes, puis bercé voluptueusement, le miracle est perpétuel !
Toute cette abondance de qualités formelles ne serait (presque) rien sans le propos de Zabou Breitman. On n’avait plus vu depuis... longtemps, très longtemps, une telle exigence, une telle ambition dans le cinéma français.
Le film parle du temps qui passe, de l’amour, la mort, la vie. La longue conversation entre les deux personnages principaux, outre qu’elle est admirablement filmée, cadrée, montée, n’a pas d’équivalent dans la production française récente : ce dialogue est splendide, très écrit mais tellement naturel qu’on souhaiterait y participer, entrer dans l’intimité de ces deux-là. C’est doux, chaleureux, intelligent, d’une grande justesse sur les sentiments. Chaque minute qui passe est une merveille, un ravissement pour le coeur et lorsque le film s’achève, on murmure, encore, encore, encore... Zabou, parle-nous encore de l’homme bancal, montre-nous encore le grand rêve de chacun, fais-nous encore couler des rivières de larmes...
avec

Bernard Campan
Charles Berling
Léa Drucker
Et on pourrait en dire encore beaucoup, sur le jeu des acteurs; les deux maisons, personnages à part entière; mais courez, courez au cinéma, faites garder les enfants, prenez une journée, faites n’importe quoi, mais ne loupez pas ce diamant.
Vos commentaires :
Le trois étoilé tient la promesse de l'enthousiasme d'Al 1. Pour moi. Merci donc Al 1. Je ne l'aurais probablement pas vu ce trois étoilés, sans ses trois étoiles ! comme quoi un marketing bien ficelé, ...
Bref, "l'homme de sa vie" ce sont des tranches de vie qui appartiennent forcement à tout le monde puisqu'il s'agit de l'amour et du désamour, du désir et de l'absence de désir, de l'éveil et de l'usure des sentiments, de la famille qui s'aime et se déchire néanmoins, du mensonge à soi même et aux autres, de la solitude et du partage, des failles, des troubles, des incertitudes, et de la mort, ...
Ce film parle de tout cela et il en parle bien. Enfin, il ne démontre rien, mais éclaire des gens avec finesse et pudeur. Des gens bancals mais pas plus que tout le monde. Des gens troublants et attachants.
Thierry D.  1er novembre 2006
 

Film remarquable sur le plan plastique, on en redemande de ces images remarquables.  Ce jeu sur la profondeur de champ, c'est la figure de celui qui troublé ne peut plus dormir se lève et atteint la zone nette, alors qu'avant il était flou, trouble.
Quand le choix des  images sert à ce point le scénario, on est proche du sublime.
Des choix esthétiques superbes, ce sont des photos ultra sensibles…
Le titre à interprétation multiple quel homme et quelle vie ?
2 petits bémols :
 le raccord tournesol justifié certainement par le besoin de l'affiche mais qui ne correspond pas aux paysages de la région…
Le début du film, l'arrivée de Charles Berling (quelques secondes trop …) est trop signifiante de ce qui va arriver par la suite.

Puisque c'est centré sur les 2 mecs , je voudrais mettre l'accent aussi sur Léa Drucker qui est bluffante et tellement vraie.
Sinon c'est magique cette façon dont la forme peut approcher le fond… Le chef opérateur, le montage tout ça est brillantissime…

C'est peut-être confus je l'ai vu il y a plus d'un mois et d'en reparler  me replonge dans ces émotions profondes qu'on ne vit pas tous les jours et les relancer par ces quelques lignes me ravit.
Michel F.  9 décembre 2006