Que ceux qui préparent déjà leur “encore un film d’homos” remballent tout de suite leurs préjugés, ce film est un miracle, une splendeur, un chef d’oeuvre.
Formellement, on approche la perfection. Beau, très beau. Chaque plan est un bonheur pour les yeux, par les couleurs, la composition, le jeu des focales. Le travail sur le son magnifie encore ces images, tout en contrastes, en variations sur les ambiances veloutées ou sèches (les ambiances sonores des deux maisons n’ont rien à voir l’une avec l’autre), osant le silence, les décalages, la mise en valeur d’une parole, d’un soupir... Le montage met constamment le spectateur en état de surprise, secoué, ému aux larmes, puis bercé voluptueusement, le miracle est perpétuel !
Toute cette abondance de qualités formelles ne serait (presque) rien sans le propos de Zabou Breitman. On n’avait plus vu depuis... longtemps, très longtemps, une telle exigence, une telle ambition dans le cinéma français.
Le film parle du temps qui passe, de l’amour, la mort, la vie. La longue conversation entre les deux personnages principaux, outre qu’elle est admirablement filmée, cadrée, montée, n’a pas d’équivalent dans la production française récente : ce dialogue est splendide, très écrit mais tellement naturel qu’on souhaiterait y participer, entrer dans l’intimité de ces deux-là. C’est doux, chaleureux, intelligent, d’une grande justesse sur les sentiments. Chaque minute qui passe est une merveille, un ravissement pour le coeur et lorsque le film s’achève, on murmure, encore, encore, encore... Zabou, parle-nous encore de l’homme bancal, montre-nous encore le grand rêve de chacun, fais-nous encore couler des rivières de larmes...