C’est juste une poignée d’hommes confrontés à la guerre, même si celle-ci a tardé à dire son nom. Des hommes dont on ne sait pas grand chose, seulement quelques éléments permettant d’en faire des personnages de cinéma, à la limite du cliché.
Le jeune idéaliste ayant laissé sa femme et son fils ; le soldat expérimenté qui connaît bien le terrain, un peu blasé ; l’algérien ne sachant plus très bien contre qui il combat…
Ainsi posés, ces personnages n’existent qu’au travers de leurs actions guerrières, héroïques ou misérables, de leurs échanges avec les autres soldats, le tout dans une sorte de huis clos à ciel ouvert.
La guerre, c’est celle d’Algérie, mais ce pourrait être n’importe quelle autre guerre, boucherie absurde où les rapports humains deviennent bestiaux. Le film fait clairement sentir l’horreur des situations et la transformation des hommes, meurtris dans leurs sentiments et leurs convictions plus que dans leur chair, sombrant dans la folie.
Bien sûr, le spectacle est parfois complaisant, comme le sont la plupart des œuvres traitant de la guerre, mais c’est bien la déshumanisation progressive qui transpire à l’écran, la perte des valeurs morales est au coeur du film.
Probablement, on ne tient pas encore le grand film sur la guerre d’Algérie, car les références historiques semblent trop anecdotiques et les quelques dénonciations sont déjà connues (recours à la torture, utilisation du napalm) mais le côté crépusculaire de l’ensemble en fait une œuvre de qualité.