Entre adultes   *
Stéphane Brizé
sorti en février 2007
L’histoire
Succession de scènes mettant en jeu des couples différents, qui parlent de l’amour, du désir, de la rupture.
 
avec
 
Edith Mérieau
Vincent Dubois
Jeanne Ferron
Céline Gorget
France Ducateau
Philippe Fauconnier
Vincent Rocher
Cyril Couton
Charlotte Smither
Karim Hammiche
Véronique Dossetto
Dominique Coquelin
Cet ensemble de scènes est saisissant, avec des dialogues et une façon de les jouer absolument crus, sans fards, résolument naturels. La caméra fixe, insistante, donne l’impression d’être là, au coeur des échanges. Et ceux-ci font mal, ils abordent frontalement les difficultés d’exister au sein d’un couple. C’est pathétique, d’un humour cruel, forcément cruel, tous les personnages sont plongés dans leurs contradictions, les mensonges, les doutes.
On a rarement vu au cinéma (mais est-ce vraiment du cinéma ?) posées de façon si prégnante, les questions autour du désir et de l’amour et plus encore de leurs contraires ou de leur absence. Le désamour est au centre de toutes les scènes, il est comme un trou noir attirant toutes les velléités de tendresse, et ce qui était au départ sûrement un bel exercice de style se révèle d’une justesse à pleurer, d’une profondeur insoutenable.
Cependant, ce qui fait la force du film, cette vérité-là, dessine aussi ses propres limites : est-on vraiment dans une fiction, respecte-t-on les codes inhérents au cinéma, les notions de personnages, d’action, de distance nécessaire pour que le spectateur puisse se sentir face à un “spectacle” ? Oui et non. Il s’agit bien d’une fiction, avec des personnages, joués par des comédiens hallucinants, et l’action évoquée se situe hors cadre, dans les ellipses temporelles; mais il n’y a pas de distance, pas d’élévation possible pour le spectateur, prisonnier du déchirement de ces couples. Et c’est cette absence de distance qui pourrait choquer, bien plus que la très pauvre qualité de l’image, un éclairage réduit au strict nécessaire, des acteurs très loin de l’idée dont on se fait des stars de cinéma.
Au final, une expérience formidablement intéressante, peut-être à ne pas voir en couple...
 
Au coeur du désamour
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Précision : Le film n’était pas destiné à être montré. Il est juste le résultat d’un stage face à la caméra pour des acteurs n’ayant jamais fait (ou presque) de cinéma. Des producteurs ont jugé que la qualité de l’ensemble méritait une sortie sur grand écran...
Vos commentaires :
Oui, terriblement troublant. Et vraiment bien.
 
Sur la forme, totalement d'accord avec Al1. On a l'impression d'être plus voyeur que spectateur Il n'y a aucun artifice cinématographique (mouvements, lumières, jeu d'acteurs, ...) pour prendre de la distance. Juste des mots et des regards intimes, volés en quelque sorte. C'est du coup plus fort et gênant en même temps.
 
Sur le fond, bien sûr, comme ça parle d'amour naissant ou déclinant, de désir, d'absence de désir, d'usure, d'ennui, de solitude, ... on est touché. Plus ou moins en fonction des personnages, des situations, de ce qu'on y projette ou pas. Très personnel ça évidemment.
 
Juste une petite remarque. Je trouve que les garçons sont globalement moins bien traités que les filles. Moins fins et complexes. Quoique ! C'est une appréciation qui renvoie sûrement à un débat éternel. Et vain.
Disons que, au moins pour deux d'entre eux, les situations sont plus extrêmes et donc peut-être plus caricaturales, dans une misère affective terrifiante, violente même ! Sur cette misère, deux scènes sont terribles. Vraiment terribles. Une qui sort du cadre du couple pour aller finement sur le terrain du pouvoir et de la souffrance au travail. L'autre sur une forme de prostitution qui correspond à ce qui me semble être le comble de la solitude. Des situations comme ça existent-elles vraiment ? si oui (et je crois que oui) c'est à pleurer de désarroi.
Thierry D.   7 mars 2007