L’histoire de la production de ce film est singulière : tourné en 1994, il n’était jamais sorti. Néanmoins, un producteur, séduit par le film, propose au réalisateur de le terminer. Entre-temps, l’une des comédiennes est décédée, le scénario prend en compte cette disparition, et les mêmes comédiens et comédiennes reprennent leurs rôles, douze ans plus tard...

Le film original, “le mur des fées”, parlait déjà des souvenirs, de l’enfance perdue, d’un traumatisme originel. Son utilisation dans l’oeuvre présentée fait bien sûr tout le charme : tout ce qui semble suranné, trop sucré et idéalisé dans les images tournées en 1994, prend un aspect terriblement mélancolique. Le contraste entre les deux époques est volontairement amplifié : le passé est coloré, chaud (c’était l’été), passionné, gai ou dramatique, joué par des comédiennes survoltées passant du rire aux larmes. Le présent est gris (c’est l'hiver), terne, fataliste, raisonné, les peines sont énoncées presque froidement. Les acteurs ne sont pas maquillés, ils ont simplement vieilli, et leurs rides ne sont pas des artifices. Il ne s’agit pas seulement d’enterrer l’une des trois femmes, mais aussi de se pencher sur la douleur du temps qui passe. Le montage, faisant alterner les deux époques, est parfois un peu démonstratif, lourd de sens alors que des transitions presque aléatoires auraient probablement suffi à faire sentir la nostalgie, mais l’ensemble est tout de même une réussite, émouvant, sincère sans être larmoyant.