Conversation(s) avec une femme    *
Hans Canosa
sorti en juin 2006
La question qui se pose, c'est bien sûr pourquoi un split screen (écran coupé en deux dans le sens vertical) pendant toute la durée du film ? Plusieurs explications possibles et crédibles. Deux personnages, parfois deux points de vue, deux histoires à deux périodes différentes, deux absents, et puis la possibilité d'élargir, de s'échapper parfois de ce huis-clos, tout en restant continuellement avec le couple d'acteurs. Et quels acteurs ! Tous les deux sont sublimes dans les non-dits, les regards, leur naturel stupéfiant pour jouer un dialogue pourtant très écrit. Ils ont tous les deux énormément de charme, de tristesse joyeuse, de cynisme rentré...
L'histoire de ce couple est belle, banale peut-être mais profondément humaine, il est difficile de ne pas être touché par leurs blessures, leurs souvenirs, leurs instants de bonheur.
Mais il y a ce split screen, qui ne s'oublie jamais, et qui au bout du compte, devient un peu lourd, tend vers le procédé sans signification. L'émotion qui devrait envahir le spectateur reste diffuse, masquée par l'intérêt purement intellectuel des différentes prises de vue, des audaces du montage.
Alors oui, plaisir il y a, mais trop peu de cœur, alors que nous sommes devant une histoire d'amour. Comme si la technique et l'intelligence avaient pris le pas sur la passion.
A voir tout de même !!!
avec
 
Helena Bonham Carter
Aaron Eckhart
Vos commentaires :
J’ai aimé cette image tronquée, qui rappelle en permanence qu’il n’y a pas une vérité, une façon de voir les choses, même en amour.
Le procédé permet aussi de proposer des variations sur le même thème. Ainsi dans la scène où ils sont en peignoir sur la terrasse de l’hôtel, alors qu’ils imaginent leurs vieux jours : prenant tous deux un poison pour mourir ensemble (ils s’embrassent alors)… Puis autre écran, autre fin : comme Juliette et son Roméo, elle le laissera prendre le poison, puis elle se réveillera et retournera à son mari (ils rient)…
Ecran coupé, tout simplement pour personnages brisés, vaguement reconstruits après dix années, mais qui se demandent encore comment faire pour être heureux. Ils n’ont pas la clé, et il n’y a pas ici de passion « de cinéma », juste un amour qui perdure mais n’est plus que cela, de petits morceaux de désir, de souvenirs, de regrets.
Anne K.   20 juin 2006