Ça pourrait être un film de gangsters classique, avec des règlements de compte, des filatures, des meurtres, des trahisons, un parrain, des dealers, des gros bras méchants, des femmes fatales, une jeune fille pure, un héros très intelligent... Il y a effectivement tout cela, mais c’est un “teen movie”, et tous les personnages vont au lycée américain local et vivent chez leurs parents. Si on est capable d’avaler cette invraisemblance, on peut se plonger dans le film, ou pas. Le réalisateur est plus intéressé par la façon d’imposer un style, que par le fait de raconter une histoire. Le spectateur est immédiatement happé par la mise en scène, la bande son, le montage, le cadrage. Puis l’intérêt va décroissant, au fur et à mesure que l’histoire s’embrouille. avec beaucoup de dialogues pas toujours clairs (c’est le moins qu’on puisse dire). Au final, il n’y a plus une seule zone d’ombre, on sait qui a tué qui et pourquoi, et c’est paradoxalement décevant, on aurait préféré rester dans l’incertitude.

Certains diront que c’est un chef d’oeuvre, qui renouvelle le polar. C’est surtout un premier film, avec les défauts et les qualités  inhérents à ce genre de production : trop de décorum, gros efforts pour paraître original et tendance à oublier le récit.