Olivier Assayas a du style, c’est incontestable. Le cadre est toujours très étudié, le montage épouse le tempo du scénario : nerveux, sec, avec très peu d’accalmies. Il y a beaucoup de personnalité dans la façon de dérouler cette histoire, et pour commencer dans la structure du film : clairement coupée en deux parties, la première montrant la relation compliquée entre les deux personnages joués par Asia Argento et Michael Madsen, faite de désir, de tension, de jeux de soumission et de pouvoir l’un sur l’autre : beaucoup de dialogues dans des lieux fermés, froids. La caméra privilégie les cadres serrés, on est clairement dans le domaine de l’intime, de la suggestion.
La suite est consacrée à la fuite à Hong-Kong, avec des plans parfois plus larges, la mise en scène se concentre sur l’action, faisant donc un contraste violent avec la première partie.
Tout cela serait fort intéressant si l’histoire était à la hauteur. Or, celle-ci, sans être terne, est loin de captiver, les personnages n’attirent aucune compassion, l’identification est impossible, l’émotion est inexistante.
On a alors l’impression d’un bel exercice de style, une sorte d’hommage à un certain genre de polar, mais vain, comme si le réalisateur n’avait rien à dire.