La vie des familles
Décembre 2006

Familles, je ne vous hais plus.
Trois films cette année ont reçu un accueil particulier du public, quelque chose comme une reconnaissance du coeur. Trois films mettant en scène des familles, fêlées, déjantées, meurtries, confrontées à la mort, à la douleur de vivre.
Trois films venant de cinémas bien différents les uns des autres et pourtant ayant fait de leur famille un personnage à part entière. Pas seulement un ensemble de caractères, mais une entité qui évolue d’elle-même, ayant sa propre vie.

Crazy, gros succès public, à l’émotion parfois un peu facile, mais universelle malgré son caractère typiquement québécois. Crazy, comme son nom l’indique, où tous les personnages parlent aux spectateurs. Crazy, un film qui touche au plus profond de beaucoup d’entre nous. Crazy, famille folle, qui peut exclure l’un de ses membres pour mieux l’accepter ensuite. Crazy, famille aimante malgré les engueulades qui paraissent définitives. Crazy, la famille de tous, finalement.

Little Miss Sunshine, autre famille de fêlés, fêlée elle-même, mais qui trouve son unité dans l’adversité : cela aurait pu être une épouvantable dégoulinade de bons sentiments américains, et c’est au contraire formidablement politiquement incorrect (pas complètement, mais presque). Cette famille-là ne ressemble pas à celle de Crazy, mais au final, le même sentiment de fusion les rapproche. Le public, comme pour Crazy, est tombé en amour devant ces abîmés de la vie.

Enfin, The Host, énorme succès en Corée, c’est la famille de Little Miss Sunshine face à l’impensable. Le film n’est pas une histoire de monstre, c’est celle d’une famille perdue, qui ne peut pas gagner, qui ne peut pas résoudre ses problèmes, et qui d’ailleurs, au contraire de Miss Sunshine, ne les résout pas. Mais cette famille, la plus déjantée des trois, est celle qui réalise la plus grande chose, elle sauve une ville, le Monde, là où toute une armée échoue. Le prix à payer est énorme pour elle, c’est le film le plus sombre des trois, le plus désespéré, mais sans perdre l’humour, cet humour qui traverse les trois films, qui les porte, qui les empêche de sombrer dans le pathétique au mauvais sens du terme.

Le public a célébré ces films peut être parce que dans ce monde de plus en plus froid, la famille est une des dernières valeurs communes. Mais pas une famille modèle, où tous les problèmes auraient disparu. Juste une famille ordinaire, avec soucis, joies, pleurs et bonheurs. crazy.htmllittle%20miss%20sunshine.htmlthe%20host.htmlshapeimage_1_link_0shapeimage_1_link_1shapeimage_1_link_2