La rue Éverlor 
et 
la voix de Tintin
Octobre 2006 Là, devant la caisse, le titre est écrit, en tout petit peut-être, mais je vois bien qu’on ne m’emmène pas voir le film espéré. 
La rue Éverlor.
J’étais parti pour voir la rue Éverlor. L’histoire d’une rue incroyable, au nom tout à fait étonnant, peuplée de personnages fantastiques, drôles, à qui il arrive des aventures extraordinaires. Je crois qu’il faut du temps à mes soeurs pour m’expliquer que la ruée vers l’or, c’est bien la rue Éverlor. Déjà têtu et un peu borné le Alain, dans le genre “j’ai raison et vous avez tort”, contre le monde entier s’il le faut.
Je ne sais même plus si la projection m’avait calmé, si les aventures du petit chercheur d’or avaient trompé mon désespoir. Dans le même ordre d’idée, ce n’est que bien tard que j’ai compris que lors des manifestations, le Ratapot n’était pas un lieu magique où le peuple aurait enfin satisfaction, mais bien une nouvelle méprise linguistique... Le peuple aura ta peau ! Le peuple au Ratapot ! 
Que dire aussi du très récent best-seller que je ne trouvais dans aucune librairie, David Chinkode... Mais je m’écarte, je vous parlais cinéma, de mes déceptions originelles qui n’ont pas brisé ma passion pour le septième art...
Un jour, j’étais petit, je suis allé voir la ruée vers l’or, de Chaplin, avec mes soeurs. Quand je dis mes soeurs, c’est parce qu’elles sont nombreuses, que je suis le plus petit, et que dans mon souvenir, elles sont toutes là, à l’entrée du cinéma. Alors qu’à la réflexion, leur présence à toutes les quatre me paraît impossible... Au début des années 70, donc encore très petit, je suis allé voir Tintin et le temple du soleil, adapté en dessin animé. Je me souviens très bien d’une scène, où l’on voit Tintin crier au capitaine Haddock qu’il y a un ours derrière lui (dans la BD, page 35 en haut). C’est là, vraiment que la supercherie avait éclaté à mes oreilles : Tintin, ce n’est pas sa voix qu’on entend. C’est une voix trop grave, rien à voir avec la sienne.
La voix de Tintin ? Dans ta tête, mon petit bonhomme !!! Non, pas dans la tête. Réelle, pas du tout imaginaire. C’est d’ailleurs hallucinant comme elle est encore là, avec toutes ses modulations, sa diction parfaite : Tintin, c’est la voix de ma soeur Isabelle, mon aînée de trois ans et demi, qui me lisait les albums de bout en bout, sans jamais (ou presque) s’énerver. J’imagine qu’elle prenait une voix légèrement différente pour faire les autres personnages, mais pour Tintin, non. C’était elle, c’est toujours elle que j’entends.
Chronique de l’enfance ? Le cinéma, ça n’est pas que du son et de la lumière, c’est tout l’imaginaire que l’on construit autour, avant, pendant et après la projection. C’est un mélange de souvenirs, d’images perçues qui n’ont jamais existé, de sentiments révélés par l’histoire que le réalisateur raconte et qu’on SE raconte. 
Le cinéma, loisir passif ? Certainement pas !


Merci à mes soeurs d’avoir insisté pour m’amener devant les écrans... Depuis, j’ai pris un peu de distance avec le spectacles des images animées, je sais qu’il s’agit d’acteurs qui jouent des rôles. Mais j’ai encore des surprises. J’ai vu récemment “Le jour le plus long” en version originale et cela m’a déçu. Le film m’avait pourtant fasciné, enfant, mais je l’avais vu en français. Et là, en écoutant tous ces acteurs avec leurs vraies voix, j’ai compris ce que je ne retrouvais pas : l’accent des officiers et des soldats allemands, et même des américains... le charme des voix nasillardes des doublures de Mitchum ou John Wayne...
Vos commentaires

Ta chronique m'a rappelé ma mère, qui, petite fille, avait mal compris une phrase au temple (protestant).
"Le mal est là et Satan gronde" était devenu "Le Maléla et Satan grondent", avec tout ce qu'il faut d'imagination pour ce monstre terrible, le fameux Maléla !
J'adore ce genre d'histoires, ce monde parallèle que les enfants perçoivent, et dont nous peinons parfois à retrouver la magie...
 Anne C   31 octobre 2006




En effet le rêve et la confusion font partie de notre imagination. Cela nous permet de nous rappeler que nous sommes faits avec nos faiblesses et nos valeurs.
Cette page consacrée à la « chronique de l’enfance » est également une page d’humilité, en  effet  la réalisation d’un site sur le cinéma et son alimentation au fil de l’eau  n’est pas facile. Il ne faut pas non plus être sans défaut pour le réaliser, et oui même le réalisateur, un fan de cinéma fait des erreurs,  c’est génial non !  Il est comme nous le gars !
Pour le fameux film David … J’avais fait la même erreur, mon orgueil me permettait de penser que j’étais le seul. Mon commentaire fut  envoyé avant que je réalise ma bêtise. A cela je peux ajouter que depuis ma tendre enfance je ne suis pas le Clint de l’orthographe. Et pourtant je fais des commentaires qui sont partagés sur un site plein d’humilité.
Pierre L    15 novembre 2006

Mais le MALELA existe, c’est une association terrible ! Sans rire (quoique), il s’agit du Mouvement pour l’Absorption de L’Europe par L’Auvergne.
Voir lien...http://chraz.ouvaton.org/moi.php?id_rubrique=4&id_article=74shapeimage_9_link_0