Mémoires de nos pères
Clint Eastwood
sorti en octobre 2006
Ce qu’il y a de plus désolant, c’est que ce film n’est que le premier d’un diptyque sur la bataille d’Iwo Jima. Clint Eastwood, grand cinéaste, très grand même, a bien le droit de nous ennuyer une fois, mais pas deux !
Pourtant, le sujet était alléchant. Comment, à partir de l’histoire d’une photo célèbre (aux USA) montrant des soldats hissant un drapeau, parler de l’héroïsme, de la mise en scène de l’Histoire avec un grand H, voire de sa ré-écriture, comprendre ce qui pousse les hommes à s'entre-tuer tout en glorifiant les valeurs d’amitié et de respect...
Rien ne fonctionne. Devant le destin de ces hommes juste un peu hors normes donc très humains, on reste de glace. Pas d’émotion. Après les rivières de larmes déclenchées par Million Dollar Baby, quelle déception !
Il y a bien sûr beaucoup d'amertume dans le propos d’Eastwood sur l’engagement, le dévouement, l’Amérique... Mais cette désillusion n’apporte rien et les scènes les plus impressionnantes sont celles des carnages guerriers, origine possible pour une réflexion qui ne vient pas.
Ce pourrait être une histoire crépusculaire profondément pessimiste, mais on ne saisit pas ce qui motive les personnages. Pourquoi sont-ils ce qu’ils sont, pourquoi font-ils ce qu’ils font, tout reste flou. La démythification des valeurs américaines et militaires, au coeur du film, pourrait s’opérer au profit d’une mise en exergue de l’amitié, de l’entraide, de l’humanité. En réalité, il n’y a rien entre les personnages, juste esquissés, aussi artificiels que la photo.
Mais ce qui surprend le plus et inquiète même un peu, c’est le récit, maladroitement morcelé, confus et finalement inintéressant.
On va donc oublier, et se repasser en boucle Sur la route de Madison, Mystic River, ou Million Dollar Baby...
avec

Ryan Phillippe
Adam Beach
Neal McDonough
Jamie Bell
Paul Walker
Barry Pepper
Vos commentaires :
Pour avoir été photographiés alors qu’ils plantaient le drapeau américain, trois jeunes marines sont hissés au rang des héros.
Manipulation autour de la photo, cynisme des instances dirigeantes prêtes à mentir pour récolter des fonds, opération médiatique où, déjà, l’image prime sur les faits.
Les correspondances avec le conflit Irakien sont frappantes, mais le plus important reste le message pacifiste du film.
Des hommes que l’on envoie à la guerre, quelle que soit la légitimité de cette guerre, ne sont pas des héros, mais des hommes perdus.
Une belle démarche humaniste.
Dominique P.  26 octobre 2006
 
 
Moi aussi je suis allé le voir,  Chouette du Clint,  la même !! Mais moins déçu :
J'ai commencé par adorer le film, je me suis dit chouette des explications, des... Enfin bon je ne saurais pas comment en parler, je m'attendais aux même émotions  que dans  le film "indigènes" Mais ce n'est pas la même histoire, et ce n'est pas raconté de la même façon. C'est un film pour ne pas oublier que la guerre appartient peut être à celui qui combat et la victoire appartient à celui qui la dirige ou encore que dans une guerre les valeurs et les sentiments s'entrechoquent pour s'adapter à un environnement, ainsi chacun voit sa vie comme une lutte contre un ennemi hostile qui réciproquement pense la même chose, à sa  famille également, son honneur, et ses convictions. Pas facile de cerner ces sentiments en étant fidèle et factuel.
Ce film ne montre pas l'intérêt de la victoire sur un plan économique ou stratégique cela aurait pu être enrichissant,  mais il montre les différents points de vue d'une guerre entre ceux qui la font, ceux qui la dirigent, et ceux qui la regardent. C'est en ça où c'est intéressant. La suite du film, le prochain, sera la même guerre mais vue par les Japonais. C'est peut être ces deux films mis bout à bout qui donneront une dimension humaine encore plus forte. Un apaisement par la reconnaissance des valeurs de chacun. Pas mal comme sortie !
Pierre L.   27 octobre 2006