La fille de Gabin fait exactement le film qu'on peut attendre d'elle, comme s'il ne s'était rien passé dans le cinéma depuis les années 50. Dans une campagne digne des images d'Epinal, où tout paraît aussi simple que le sens d'une dictée pour enfants, Florence Moncorgé-Gabin nous raconte une histoire d'amours dramatiques, qui, bien délayée, pourrait aisément fournir la base pour un feuilleton télévisé estival.
On pourrait persifler longtemps, rejoindre les critiques intellos qui détestent ce genre de production surannée, avec une mise en scène d'une banalité affligeante.
Mais l'histoire tient debout, par la grâce de Catherine Frot, abandonnant pour une fois ses personnages de nunuche sympathique, pour incarner à bras le corps une femme de caractère, déterminée, meurtrie, désespérée mais toujours digne. Gregori Derangère fait du Gabin, comme on a dû certainement lui demander, et cela ne lui réussit pas si mal que ça.
Bien sûr, on rêve au film qu'Almodovar aurait pu faire avec ces portraits de femmes, mais il faut prendre le film tel qu'il est, un hommage au cinéma de papa (à double sens), désuet, dépassé, mais encore capable de donner des émotions.