Il faut avoir du culot et une certaine dose d’inconscience pour réaliser un autre deuxième souffle, après celui de 1966. Et même si bien peu de spectateurs d’aujourd’hui ont vu le chef d’œuvre de Melville, ils peuvent comprendre que le scénario s’inscrit dans une époque révolue, où il était question d’honneur, de vengeance, d’appartenance à un milieu…
Le film de Corneau paraît long (il l’est), laborieux, sans aucune originalité dans la façon de dérouler le récit, les personnages annoncent souvent ce qu’ils vont faire, et il y a donc assez peu de surprises dans cette histoire dont on a déjà vu mille fois les différents épisodes, le casse minutieusement préparé, les trahisons diverses, la belle brune (ah non, elle est blonde… bizarre, pour Monica Belluccci !) tremblant pour son homme…
Les partis pris techniques sont plus affirmés, comme le traitement des couleurs, plutôt irréel, ou les décors, proches de l’abstraction.
La direction des acteurs semble avoir été laissée de côté : Auteuil n’est absolument pas crédible dans son rôle, au contraire de Dutronc (mais Dutronc n’est jamais mauvais). Les autres, Monica en tête, font une caricature d’interprétation, dans leur rôle mais un peu comme au théâtre, en grossissant tout.
L’ensemble est donc assez indigeste, la palme du grotesque revenant à la dernière fusillade, qui se voudrait grandiose et qui passe allègrement les limites du ridicule, chorégraphiée mais statique, pathétique mais n’arrachant aucune goutte d’émotion.