Comment ne pas penser à Clint Eastwood ? Facture classique, scénario en béton (armé) qui tourne autour d’un vieux père orphelin de ses fils et d’une jeune femme élevant seule le sien.
Pas l’ombre (ou alors très furtive) d’une histoire d’amour, juste un regard désespéré sur l’Amérique, les américains, les dégâts causés par la guerre en Irak sur ces jeunes hommes jetés dans la barbarie, et qui ne peuvent pas en revenir indemnes.
Le scénario a l’immense intelligence de ne pas figer les personnages. Le père est admirable, bien sûr. Enquêteur militaire à la retraite, il est forcément très fort pour comprendre ce qui s’est passé, pour éclaircir les circonstances de la disparition de son fils. Mais en sa qualité de père, il est aussi obligatoirement de bon conseil pour une mère célibataire…
Sauf que rien n’est exactement comme on l’attend. Les certitudes sont balayées, et cet homme droit, croyant aux valeurs anciennes de son pays, est fondamentalement renversé par ce qu’il voit, par ce qu’il comprend.
La mise en scène, sobre, sans effets, mais réglée au quart de poil, fait immédiatement entrer le spectateur dans le récit, adoptant le rythme du père, force tranquille dont le désespoir n’éclate (presque) jamais. Pourtant les accélérations soudaines comme les instants suspendus de contemplation apportent le contraste nécessaire à ce film, lourd et digne, qui prouve une nouvelle fois que l’industrie cinématographique américaine est capable de produire des critiques profondes sur les errances du pouvoir en place.