Il y a comme un parfum de fraîcheur sur ce film, comme si son réalisateur découvrait le plaisir du cinéma. Avec une grande liberté, des transitions parfois hasardeuses et des ellipses pas toujours claires, le scénario nous présente la vie quotidienne d’une jeune fille et de son petit frère, à la veille de la chute de Ceausescu, en Roumanie.

Symboliquement sans doute, les amours de la jeune filles sont partagés entre deux garçons, l’un est le fils d’un policier représentant l’ordre établi et la difficulté de tourner la page, l’autre ne rêve que de fuir son pays et son régime dictatorial. Le frère, un petit garçon plutôt déluré répondant au prénom délicieux de Lalalilu, pose sur les choses et les gens son regard étonné, curieux, gai ou mélancolique. Ce regard est la force du film, mélange de tristesse, de dérision, mais aussi de loufoquerie, qui fait que jamais on n’est amené à s'apitoyer sur les personnages. Ils sont vivants et courent après le bonheur, humainement.

Pourtant, trop de scènes ne sont pas abouties, tournent court et peut-être aurait-il fallu un ton plus épique pour la fin. La Révolution elle-même libère tout le monde, mais il n’y a pas d’envolée lyrique, ce qui laisse l’ensemble dans la catégorie des jolis petits films, après être passé à côté de quelque chose de beaucoup plus grand.