Avec la fin de Gangs of New-York, Martin Scorsese éclairait tout le reste, par un magnifique accéléré de la construction de la ville vue de loin, jusqu’aux tours jumelles, faisant de New-York une inéluctable source de violence et de passion.
L’issue des ces Infiltrés est bien loin d’avoir cette élégance. Pas de signification sous-entendue, juste une volonté de tout raser, de tout mettre à plat.
Pourtant, pendant plus de deux heures, le récit tient la route, et c’est bien un prodige, car dès le début, le spectateur connaît l’identité des deux taupes infiltrées, un indic chez les malfrats, un pourri parmi les unités spéciales de la police de Boston. On ne s’ennuie pas un seul instant, le suspense est constant, on ne peut qu’être captivé, d’autant plus qu’un personnage féminin fort intéressant et inattendu vient semer le trouble, adoucir et casser les clichés dans cet univers masculin et brutal. C’est donc un film de truands et de flics plein d'ambiguïté, de finesse, où tous les personnages sont attachants, jamais tout à fait crapules, ni anges. Juste des humains pris dans une histoire qui les broie, en révélant leurs faiblesses plus que leurs forces.
Et puis le dernier quart d’heure est comme un quatre-quarts industriel après un festin chez un trois étoiles, envoyé trop rapidement, ignorant beaucoup de subtilités du scénario, et particulièrement celles liées au personnage féminin, qui aurait pu être une délicieuse et douloureuse clef pour un épilogue en apothéose.
L’ensemble est donc particulièrement déséquilibré mais on peut oublier cette fin expédiée pour ne garder en mémoire que cette sombre et passionnante plongée dans une histoire à la densité trop peu vue dans le cinéma actuel.