Hou Hsiao-Hsien 
          en France, filmant Juliette Binoche, c’est évidemment assez 
          alléchant. Au contraire d’Ang Lee, qui même revenu 
          en Chine continue à penser en américain (Lust, caution), 
          ou de Wong Kar-Wai qui perd un peu de son âme en débarquant 
          aux Etats-Unis (My blueberry nights), le réalisateur des fleurs 
          de Shangai et de Millennium Mambo conserve une grande partie de ce qui 
          fait le charme de sa création.
          On peut être sensible ou non à ce genre de cinéma, 
          qui privilégie l’ambiance à la narration, les instants 
          creux aux tournants de l’action, lorsqu’il y en a une...
          Quelques scènes, principalement dues à l’énorme 
          talent de Juliette Binoche, créent de l’émotion, 
          sur des pas grand chose, des impressions, des instants comme volés 
          à l’intimité. Mais on peut aussi considérer 
          tout cela comme une très jolie base pour un récit qui 
          ne vient jamais. Et l’ennui peut alors submerger le spectateur. 
          
          Si, au contraire, on parvient à oublier le manque de narration, 
          et être charmé par la longueur de tous ces plans-séquences, 
          finalement assez virtuoses, on restera tout de même interloqué 
          par ce ballon rouge, sorte de fil conducteur totalement creux et n’apportant 
          aucun lien avec le sublime film d’Albert Lamorisse, ou alors de 
          façon décorative, d’une poésie mièvre 
          et sans aucun sens.
          Quand finalement on apprend que le film est une commande du musée 
          d’Orsay, on comprend mieux ce petit côté pseudo-intello 
          empesé.