Il y a quelque chose de gênant
dans la beauté formelle de ce film : on y parle de la mémoire,
des souvenirs effacés inconsciemment, des hallucinations engendrées
par ces évènements refoulés, mais en fin de compte,
c’est tout de même de la guerre, de son absurdité,
de sa violence immonde dont il s’agit. Et l’inventivité
du traitement des images est ici presque indécente. On souhaiterait
parfois un peu plus de retenue, de sobriété. L’utilisation
de la musique renforce l’aspect sombre et brillant. L’ensemble
est magnifique, le réalisateur aborde son sujet avec une force
énorme. On peut aisément comprendre cette implication
: il raconte ses propres souvenirs, ou plutôt sa recherche de
souvenirs. Il ne s’agit pas d’une fiction, mais d’un
documentaire introspectif, d’un compte-rendu d’enquête
personnelle. On pourra regretter un scénario à l’aspect
un peu décousu : les témoignages se succèdent
sans véritable structure et on cherche parfois les correspondances
entre les différents intervenants.
Il n’empêche, c’est une œuvre étonnante,
originale, novatrice.