Ce serait un film de science-fiction 
            qui lorgnerait sur des succès (ou demi-succès) récents, 
            comme "the road", 
            "la 
            guerre des mondes", "Cloverfield" 
            ou "District 9", 
            ce serait aussi une histoire d’amour naissant de l’adversité 
            et des épreuves rencontrées, surmontées… 
            Ce serait un petit film sans moyens, une série B avec des monstres-pieuvres 
            aux tentacules menaçants…
            Oubliez tout ça ou n’en gardez que l’apparence. 
            Il y a effectivement des drôles d’extra-terrestres qui 
            se baladent en géants fragiles, envahisseurs malgré 
            eux, lointains (l’action fait d’abord semblant de les 
            ignorer) puis tout proches, étranges, mystérieux… 
            Il y a aussi un couple de cinéma, ils sont tous les deux jeunes 
            et beaux, avec des fêlures, des doutes, ils ne peuvent que s’entendre 
            et tomber l’un pour l’autre, d’amour ou d’autre 
            chose… Et puis il y a une absence caractérisée 
            de toute présence gouvernementale, on ne voit de l’autorité 
            en place que quelques avions sillonnant le ciel, des affiches et panneaux 
            signalant le danger, on ne suit que le point de vue des deux personnages 
            livrés à eux-mêmes dans un décor qui n’est 
            pas tout à fait de fin du monde, plus inquiétant au 
            final que celui de "the road" parce que plus proche de nous. 
            Comment ne pas voir dans ce pays dévasté, marqué 
            par une angoisse collective mais pourtant comme résigné, 
            une parabole de la société occidentale, avec sa cohorte 
            d’exclus qui font peur et dont l’existence interroge les 
            valeurs ?
            Tous ces aspects s’entremêlent, se répondent, se 
            télescopent dans un récit somme toute classique, ménageant 
            ses effets, au déroulement sans doute prévisible mais 
            tenant en haleine les spectateurs qui peuvent aisément tomber 
            dans une certaine fascination. D’où vient cette dernière 
            ? Pourquoi cette production au rabais, sans effets spéciaux 
            grandioses, parvient-elle à être si impressionnante ? 
            Sans doute parce que justement, malgré ses monstres, on est 
            bien près d’y croire. La caméra colle littéralement 
            aux deux personnages, épousant leurs peurs, leurs tremblements, 
            leur exaltation, leurs apaisements, leur douceur (ce ne sont pas des 
            héros armés, dégommant tout ce qui bouge). Et 
            tout cela sonne juste, en gardant une grande part de mystère. 
            
            Etrange et beau, sombre et désabusé, contemplatif et 
            lumineux…