Pour le décor et le contexte, 
            imaginez "la vie est un long fleuve tranquille", en version 
            uniquement famille Groseille, sans les gags et les répliques 
            qui font mouche, avec de sacrées doses d’alcool et de 
            violence morale, baignée dans une vérité sociale 
            terriblement crue. Ce que nous voyons en France du cinéma belge 
            est plutôt désespérant sur la santé générale 
            de ce pays. "Eldorado", de Bouli Lanners en 2008 et cette 
            "merditude" en disent long sur la déchéance, 
            l’exclusion de proximité.
            Cette adaptation d’un roman autobiographique, devenu best-seller, 
            et pas qu’en Belgique, est un film dur, très dur. Il 
            montre les lendemains de cuite, la violence des mots et des coups 
            portés, l’aspect irrémédiable de la misère 
            sociale. Les rares instants où l’on peut rire sont des 
            échappées vers le dérisoire, l’humour est 
            basé sur des situations atterrantes, qui portent en elles-mêmes 
            autant de désespoir et de fatalité que de raisons de 
            s’en amuser.
            Mais au-delà de tout cet étalage qui ne pourrait être 
            que malsain, il y a une chaleur humaine malgré tout, un amour 
            familial et en dépit des hectolitres de bière ingurgités, 
            tout au fond des regards, une solidarité, un certain bonheur 
            d’être ensemble. Tout au bout, il y a un évident 
            message d’espoir, pas comme une concession à un public 
            qui n’aimerait pas les histoires tristes, mais plutôt 
            comme une indispensable porte de sortie, pour montrer qu’il 
            est vital de ne pas renoncer, quoiqu’il advienne…