Il faudra sans doute attendre encore 
            quelques années pour savoir si cette vague de films roumains 
            laissera une trace durable et finira pas influencer le cinéma 
            européen, mais il est indéniable qu’à défaut 
            d’école proprement dite, il y a des caractères 
            communs à toutes ces œuvres : essentiellement par leur 
            forme, elles bousculent tous les sujets qu’elles abordent, leur 
            apportant un éclairage terriblement cru, se positionnant à 
            mi-distance, évitant presque toujours le pathos en insistant 
            pourtant sur l’intime, le très intime. 
            Dans ce "mardi après Noël", il n’est pourtant 
            pas question de politique ou de constat social, il n’y a pas, 
            ou presque d’influence de la société roumaine 
            et de ce qu’elle est devenue à la suite de la révolution 
            anti-Ceausescu, au contraire de beaucoup de films roumains de ces 
            cinq dernières années. Le thème peut paraître 
            léger par rapport à celui de "la mort de Dante 
            Lazarescu", il n’empêche qu’on en ressort avec 
            la même impression de désastre. Sauf qu’ici, c’est 
            un désastre sentimental, la chronique d’une séparation 
            bien classique, un adultère, une femme plus jeune et plus désirable 
            (quoique, lorsque l’épouse légitime est défaite, 
            en morceaux, brisée par la douleur, elle acquiert un charme 
            surprenant…), le tout montré en quelques scènes 
            attendues et qu’on a pu voir des dizaines de fois dans d’autres 
            films où le sujet est abordé. Mais cette fois-ci, les 
            séquences sont bien longues, bien insistantes, avec la marque 
            de fabrique du cinéma roumain, des plans larges immobiles, 
            où le spectateur a l’impression d’être là, 
            d’observer même les temps morts, là où tant 
            de choses ne sont pas dites mais c’est sans doute pour cela 
            qu’on les comprend…
            Un conseil : n’allez pas le voir avec votre moitié, votre 
            épouse, votre mari, ou même votre amant(e)… l’impression 
            donnée est trop réelle pour ne pas se sentir concerné…