I’m not a man, I’m
Cantona !
Future réplique culte, probablement ? La façon dont
le joueur-acteur-phénomène joue avec son image est absolument
réjouissante, entre auto dérision et nostalgie d’une
époque où il était un dieu vivant pour le peuple
mancunien, une icône particulière en qui les supporteurs
de Manchester, en majorité d’origine modeste, pouvaient
s’identifier parce que le personnage était une star humaine,
avec ses coups de colère ou de génie.
Mais l’essentiel du film de Ken Loach n’est pas la glorification
d’un joueur de foot. Au vu du passé cinématographique
du réalisateur, cela aurait été d’ailleurs
fort étonnant. On retrouve la veine d’un cinéma
plus social que politique, les valeurs de solidarité et d’amitié,
et finalement une façon bien originale de montrer comment un
homme au bout du rouleau parvient, avec l’aide d’un fantasme,
à remonter la pente. Ce sont les vertus de l’entraide,
de l’action collective, de la confiance en ses amis, qui sont
ici mises sur un piédestal, parce que Cantona reste un produit
de l’imagination du personnage principal, c’est une sorte
de double, une façon de dire qu’en chacun, il y a de
la volonté et du génie et, comme l’affirme l’ex
meilleur joueur du monde, une passe peut être bien plus belle
qu’un but.
Au final, il y a beaucoup de légèreté dans ce
récit, qui lorgne du côté de la comédie
américaine de la grande époque ou même dans un
autre style, de Woody Allen, avec la matérialisation d’un
rêve. On frôle même un certain angélisme
au cours de l’épilogue, mais tout cela fait tout de même
du bien.
Pas un grand Ken Loach, c’est certain, mais la preuve qu’on
peut faire un cinéma populaire et récréatif avec
les soucis quotidiens et la détresse humaine.