Le sujet est lourd, parfois désespérant,
parfois d'une tristesse sans bornes accompagnée d'une révolte
furieuse, tant les pouvoirs publics semblent à la ramasse
pour traiter le handicap. De réformes en déclarations
de belles intentions et en passant par des mesures d'économie
et de délestage du bébé avec l'eau du bain
aux acteurs de terrain qui n'en peuvent plus, les autistes et leurs
soignants ou aidants se retrouvent dans des situations d'urgence
absolue parce que les hommes politiques et tous les bien-pensants
déclarent d'une part, la main sur le cœur, qu'il faut
une société inclusive qui ne rejette pas ses membres
"hors-normes", et d'autre part freinent des quatre fers
lorsqu'il s'agit de mettre des moyens en face des intentions.
Les deux associations montrées dans le film existent, les
deux réalisateurs les connaissent depuis longtemps et ont
fait un véritable travail documentariste avant de s'atteler
au scénario. Toutes les situations exposées sont basées
sur des faits réels, les deux responsables des associations
ne sont pas des personnages fictifs, les jeunes autistes du film
le sont aussi dans la "vraie" vie. Tout cela donne une
rage, une énergie, un rythme incroyable au récit.
Bien sûr, il y a quelques facilités, quelques arrangements,
quelques ficelles de cinéaste pour emporter un maximum de
spectateurs et parfois la recherche de l'émotion est un peu
trop voyante. Il n'empêche que ça fonctionne et que
vous risquez de passer la totalité du film avec une boule
dans la gorge et quelques larmes au passage, d'autant plus que l'humour,
très présent, apporte pas mal de respirations et de
prises de recul. Reda Kateb et Vincent Cassel sont omniprésents
mais ce qu'ils font est plutôt formidable, il y a un investissement
visible pour nous faire croire à cette course effrénée
contre l'exclusion. Leurs personnages sont des héros au quotidien.