On est en Chine, mais cette rencontre 
              improbable pourrait avoir lieu n'importe où, il y a quelque 
              chose d'universel dans ces échanges débridés 
              entre trois jeunes adultes un peu perdus qui se rendent compte qu'il 
              n'y a rien de plus important à cet instant que de vivre ce 
              qui se présente, une soirée très arrosée, 
              ou un voyage improvisé vers un lac mythique, qu'importe, 
              pourvu qu'ils soient ensemble, rigolant ou pleurant, faisant naître 
              entre eux du désir, de la tendresse, une amitié... 
              tout reste éphémère sans doute, le réalisateur 
              ne donne presque aucune piste pour ce qu'il adviendra des trois 
              personnages, mais malgré l'aspect léger et en toute 
              liberté de ces quelques jours partagés, on sent la 
              profondeur de ce qui est en train de se passer. Rien à voir 
              avec Jules et Jim, avec lequel cet hiver brûlant 
              est parfois comparé : il n'y a presque pas d'ellipses, aucune 
              voix off ne vient décrire les sentiments des trois jeunes 
              gens. C'est un cinéma qui n'a l'air de rien mais pour peu 
              qu'on accepte de se laisser emmener sur le fil ténu d'un 
              récit qui montre et ne démontre rien, on peut être 
              touché par l'errance, par les moments de grâce, les 
              doutes, le lâcher prise.
              Joli film, fragile, un assemblage de petits riens qui font un instant 
              de vie, vraisemblable et plein d'imprévus et nimbé 
              d'un charme joliment mélancolique.