Espèces menacées

Le fantôme d'Altman plane. Une poignée de personnages s'affrontent, s'aiment, se détestent, s'ignorent ou se percutent de plein fouet. La plupart du temps, ça fonctionne, le scénario fait s'entrelacer les différentes histoires sans aller chercher de liens artificiels, on peut même en imaginer des supplémentaires et c'est un premier plaisir de voir un film choral français avec un tant soit peu d'ambition, qui mêle le drame et la comédie (amère). Histoires de famille ou de couples, des frôlements entre quelques uns et des étreintes pour les autres, de la douleur qui empêche d'avancer, de l'espoir qui se faufile et pas de jugements sur les personnages, ils font ce qu'ils peuvent, parfois mal, parfois très mal. Mais c'est ainsi, c'est la vie et lorsque le générique de fin commence à défiler, tout n'est pas résolu, tout n'est pas clarifié. Comme dans la vie. Le film n'est pas pour autant une chronique sombre et grise, la caméra mouvante donne une belle fluidité à l'ensemble, les respirations dans le récit offrent de beaux moments de contemplation et c'est le deuxième plaisir, les images sont belles…
Côté interprétation et incarnation des personnages, c'est le troisième plaisir, on est servi avec Gadebois et Elmosnino absolument parfaits, Alice Isaaz est parfois en sur-jeu, mais son personnage a tellement de lourdeurs à porter…
Même si les émotions sont un peu attendues, ces espèces menacées se défendent formidablement, et l'on souhaiterait que le film dure un peu plus longtemps. C'est bon signe.