Gaspar Noé n’est pas 
            du genre à œuvrer dans la dentelle. Il saisit le spectateur 
            avec des images choc, si possible avec des angles complètement 
            inédits et des lumières hallucinantes, et les assemble 
            sur une bande sonore en stress continu. "Irréversible", 
            malgré l’insoutenable et contestable scène du 
            viol, avait tout de même de la gueule et une structure tenue 
            de bout en bout. Cette nouvelle production, exactement dans le même 
            esprit, est ponctuée de scènes difficiles à supporter, 
            avec des partis pris de mise en scène radicaux, au risque de 
            se répéter et de lasser.
            On peut sortir exaspéré, voir atterré par tant 
            de tape-à-l’œil, mais on peut aussi se retrouver 
            hypnotisé par l’avalanche d’images et de sons qui 
            parviennent, comme dans "Irréversible", à 
            maintenir le fil d’un récit, bien que l’histoire 
            (si on peut dire) ne soit pas vraiment l’intérêt 
            principal de cet étonnant objet filmique non identifié, 
            où les influences les plus diverses se croisent et se côtoient… 
            google earth en version animée, trip psychédélique 
            à tendance Kubrick pas très bien digérée, 
            économiseur d’écran d’ordinateur ayant sévèrement 
            buggé, porno flou expérimental, jeu vidéo sous 
            acide ravageur…
            Pas certain que tout cela fasse un véritable film, l’avenir 
            dira si les images extraordinaires de Gaspar Noé tombent dans 
            l’oubli, ou se révèlent comme futures œuvres 
            cultes, prélude à une nouvelle façon de raconter 
            des histoires.