Corps et âme **

Ildiko Enyedi

L'histoire

Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d'un cerf et d'une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé.

Avec

Alexandra Borbély, Morcsányi Géza, Réka Tenki, Zoltan Schneider, Ervin Nagy

Sorti

le 25 octobre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Singularité hypnotique

 

Voici un vrai grand beau film étrange, dérangeant, doux amer, baigné d’une lumière chaude et pourtant parfois d’une beauté froide, vibrant, cru et onirique… il parle de l’amour et du désir d’une façon complètement détournée mais sans jamais lâcher son sujet. C’est en effet une histoire d’amour qui n’a rien d’une comédie romantique et pourtant empreinte à la fois d’un humour qui peut faire rire au moment où l’on s’y attend le moins (parfois jaune, parfois d’effarement mais aussi avec tendresse) et d’un romantisme échevelé, sombre et magnifique. Les deux personnages principaux n’ont rien d’amoureux classiques, ils ont tous les deux tant de névroses (elle, surtout !), tant d’obstacles à la communication, tant d’accrocs dans leur vie passée ou présente que tout ce qui peut leur arriver est surprenant, comme issu d’un rêve même lorsqu’ils ne dorment pas et malgré cela, tous les détails matériels sont extraordinairement réels, d’une miette de pain sur une table qui peut devenir objet de fascination à la chemise sitôt repassée sitôt enfilée comme un geste dansé. L’ensemble donne une impression de douceur, avec de nombreuses scènes de contemplation, d’attente, d’observation des choses et des êtres, parfois sur le fil, à la lisière de l’ennui, et pourtant il y a des fulgurances, ici une violence froide, là un déchaînement sonore qui laisse l’un des personnages de glace et puis soudain une voix qui s’élève (Laura Marling) et c’est l’extase… Récit (é)mouvant, rythme atypique, contrastes aigus, seconds rôles détonants (la vieille employée de l'abattoir experte en démarche de séduction, à la fois drôle et touchante), c’est tout le film qui explose d’originalité. Au plus fort de cette singularité, il y a Alexandra Borbély, actrice à la beauté unique, blonde apparemment impassible mais absolument pas froide, qui joue de l’inquiétude, de la timidité, de l’étonnement comme une virtuose du sentiment, avec des regards qui effleurent, des sourires à peine esquissés, toute la déception du monde qui se lit sur son visage avec un jeu d’un minimalisme affolant… Ce n’est pas elle qui porte le film, celui-ci a suffisamment de caractère pour exister par lui-même, mais elle contribue à l’éclairer avec une énorme présence, presque immobile.

 

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