Bien sûr, il y a Mélanie
Thierry, qui a appris l'Ukrainien pour le rôle. C'est certes
stupéfiant mais réduire le film à une performance
d'actrice serait le trahir. C'est d'abord une splendeur visuelle
et sonore. La lumière sur les visages, la pénombre
du placard, les contrastes entre l'intérieur et l'extérieur
témoignent d'un superbe travail sur la photographie. Les
bruits, les paroles, les musiques que l'enfant caché entend
sont magnifiquement rendus, la partition sonore est une œuvre
à elle toute seule. Cette beauté formelle est au service
d'une mise en scène en apparence très simple, mais
surtout très subtile, autant pour rendre compte de l'enfermement
que des rêves : la manière dont la caméra passe
du réel à l'imaginaire, au fantasme ou simplement
à un passé sublimé, donne des frissons. Le
récit est terrible, montre les étincelles de joie
scintillant au cœur de l'abject, le sourire de Mélanie
Thierry parvient à maintenir l'espoir en vie et laisse pourtant
un parfum d'ambiguïté. C'est beau, c'est puissant, c'est
dur et doux exactement au même moment. Grand film, qui n'est
pas une œuvre de plus sur la deuxième guerre mondiale
et ses horreurs. C'est bien sûr cela, mais c'est aussi tout
à fait universel, avec des éléments sous-jacents
terriblement contemporains.